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L’essentiel, l’important et le plaisir

Le premier moteur, nous l’avons compris : c’est la motivation. Si on a pas envie de prendre la cithare, on écoute les autres en jouer. N’est-ce pas un spectacle ravissant ? Si la cithare ne vous intéresse pas, peut-être avez vous envie de jouer du hautbois ? 😉 Je plaisante, sans vraiment plaisanter. Vous êtes inscrits dans une école de musique pour développer des compétences de musicien.ne. Peu importe l’instrument, l’essentiel est de jouer de la musique pour savoir jouer de la musique. Et c’est très vaste ! En clair : quelque soit votre activité, si elle est musicale, alors elle sert l’intérêt du projet de l’école. Nous voulons faire résonner la musique. Vous n’avez pas envie de jouer du hautbois ces temps-ci ? Vous êtes peut-être intéressé par le synthé du voisin ? la guitare de tonton ? La découverte de Musescore ? ou de Reaper ? Tout ceci concoure au même objectif, le moindre tapotement de doigt sur la cuisse, la moindre mélodie sifflotée, témoigne de l’activité intellectuelle, du besoin de musique. C’est bien cela qu’il faut cultiver. C’est l’essentiel.

L’important c’est de bien comprendre que le hautbois est un instrument physique. Le corps est partie prenante dans cette affaire. Plus précisément, les lèvres qui maintiennent l’anche et apportent la justesse, la beauté au son, ne sont pas des muscles qu’on sollicite tous les jours comme cela. Garder le plaisir de jouer une belle mélodie passe par une bonne condition physique. Tou.te.s les hautboïstes vous le diront, après une longue pause (des vacances loin de l’instrument par exemple), ce qui est le plus difficile a retrouver, c’est l’endurance de l’embouchure. Vous n’oublierez pas les doigts. Même après des dizaines d’années sans jouer. Ils seront rouillés, mais vous connaîtrez toujours vos doigtés. L’embouchure par contre, quelques semaines suffisent à « perdre » les capacités musculaires. Alors, autant pour une footballeuse professionnelle qui ne peut pas jouer à cause d’un confinement, on voit bien quels exercices physiques elle peut faire chez elle pour « s’entretenir », autant pour les hautboïstes qui veulent garder la forme, il n’y a pas d’exercice miracle !! Si, prendre l’anche, souffler dedans, rien ne pourra jamais remplacer ce geste, parce qu’il est unique.

En conclusion, nous pourrions résumer les choses ainsi : « si tu ne prends plus de plaisir à jouer du hautbois, ce n’est pas grave, cherche d’autres sources de plaisir en jouant de la musique, mais continue à souffler dans l’anche !! »

Identifier son projet

Bon a priori, si vous êtes inscrits dans la classe de hautbois, c’est que vous êtes plutôt motivés par l’idée de jouer du hautbois (mais ça peut évoluer, ce n’est pas un tracas). Selon les périodes, vous allez avoir faim ou au contraire avoir besoin de source de motivations. C’est souvent lié aux apprentissages : un truc qu’on arrive à faire nous donne envie d’en faire plus, déclenche un nouvel apprentissage, etc. puis plus d’apprentissages pendant un moment, on a l’impression de ne pas avancer. C’est qu’on est sur un palier. C’est normal, ça fait parti de la courbe d’apprentissage. Arriver à identifier ces phases différentes et les exprimer, les partager avec moi et votre entourage, nous donnera l’occasion d’adapter les propositions et de ne pas sombrer dans une routine moribonde. Cela se traduit concrètement par :

  • en ce moment j’ai tant de temps à consacrer à ma pratique…
  • je suis intéressé par : tel style / tel.le compositeur.ice / tel.le artiste / tel morceau / …
  • j’ai carrément envie de : jouer / composer / interpréter / repiquer / répéter / faire des concerts / …
  • j’ai pas du tout envie de : jouer des timbales / harmoniser à douze voix / diriger un orchestre symphonique comme la dernière fois / faire des partitions pour tout le monde / …

On écrit un petit mail, on glisse un petit mot dans le casier, ou on l’exprime à l’oral au moment du cours. Il faut en faire part !! Sinon, le gentil professeur a toujours plein de projets à proposer !!

Gérer ses priorités

Là où ça se complique, c’est quand on est engagé dans des groupes. C’est une des plus belles choses je trouve en musique : l’expérience collective. De faire avec les autres en étant dégagé de tout désir de compétition. Combien de fois je me suis trouvé subjugué par le jeu de ceux qui m’entouraient, leurs propositions, leurs idées. Alors la répétition c’est super, on ressort avec plein d’entrain, on retourne chez soi, on reprend le quotidien, le plaisir retombe, on avait dit qu’on faisait ça, on s’était promis qu’on reverrait ce passage à la maison pour pas arriver démuni en répétition… On y repense, mais on le fait pas. On se retrouve en répétition la semaine suivante avec les mêmes errements, les autres commencent à nous regarder avec un air qui semble dire « mais il va y penser à ce # bon sang !! ». Et là, on se sent mal, on regrette ses journées où on s’était dit, « je le ferais demain ». Bon vous voyez, c’est du vécu. Je crois qu’on a tous vécu des moments comme ça. Ne nous jetons pas la pierre. A partir de maintenant : on gère nos priorités !!

L’expérience de groupe prévaut sur tout ce que vous vivrez. Au milieu d’une marée de musicien.ne assurer sa phrase en solo dans une symphonie de Beethoven, c’est un truc… incroyable. Pour se préparer au mieux aux expériences qui nous font le plus vibrer, il faut prioriser.

  1. J’ai défini mon projet, pour les quelques semaines qui viennent : je suis motivé pour faire ça.
  2. J’ai ce temps là à consacrer à la pratique musicale.
  3. J’identifie les difficultés. J’ai besoin de progresser sur telle phrase, ce détaché passe pas, ce trait tout biscornu est vraiment trop dur, j’oublie toujours la même altération, etc.

Quand un groupe attend qu’on assume notre rôle, même sans l’exprimer, nous nous devons d’apporter toute notre énergie pour faire « du mieux que nous pouvons ».

Quand on est pas dans cette situation, mais plutôt qu’on prépare une échéance (genre une audition, au hasard) et que le morceau est vraisemblablement plus difficile que d’habitude, nous sommes rattrapés par les imperfections de l’instrument. Séquence découverte pour ceux qui ne le savaient pas ! Le hautbois est un instrument exigeant physiquement (on en a parlé notamment pour la position des lèvres) et archi-faux !! Si les lèvres ne tiennent pas, non seulement le son est moche, mais en plus on est incapable de maintenir la hauteur des notes. Et là, ça devient horrible, l’audition vire au cauchemar. Osons le dire : « on a plus de gueule ». Encore une fois, c’est du vécu, on l’a tous fait (même plusieurs fois en ce qui me concerne), c’est normal de passer par là, il ne faut pas se blâmer, ça fait parti de l’apprentissage ;). Bon, mais c’est le genre de situation qu’on a pas du tout envie de revivre. Alors soit on arrête de faire des auditions, ce qui reviendrait à reposer la cithare… Soit on se prépare. C’est pas un problème d’être capable ou pas de jouer le morceau, c’est juste qu’on a pas la condition physique. Et ça ne s’acquière pas en une semaine !! Clairement.

S’il y a une priorité à retenir donc, ça pourrait se résumer à : prépare toi comme tu veux, mais souffle dans ton anche !! Parce que ça, ça ne se remplace pas…

Ne pas forcer

Ceci étant posé, le premier moteur nous l’avons vu, c’est la motivation. Alors oui, il y a des moments pas drôles dans la vie d’un.e artiste. On peut vraiment élargir parce que c’est unanime. Vous ne rencontrerez personne qui n’a pas eu envie de faire un peu autre chose plutôt que de s’entraîner. Pour avancer, on a parfois besoin de passer du temps à pratiquer. C’est comme ça. Par exemple les gens de théâtre (comédiens, metteurs en scène, etc.) passent énormément de temps à répéter. Ils ont des kilomètres de texte à apprendre, ça peut pas se faire sur un claquement de doigt. En musique c’est pareil, y’a des trucs… il faut y passer du temps, c’est inévitable. C’est souvent là que notre motivation est mise à l’épreuve. Chérissons là comme un trésor. Oui, il faut la mettre à l’épreuve, qu’elle prouve qu’elle est présente pour une vraie raison. Non, ne la brisons pas, n’atteignons pas cette limite qui fait qu’on fini dégoûté par ce que l’on fait. Alors ce juste milieu est très difficile à déterminer aussi bien par vous que par quelqu’un d’autre comme un gentil professeur. Voyez, parfois il suffirait de laisser le temps à un tout petit apprentissage d’éclore, qu’il permette d’en activer d’autres, qui nous permettront de faire un bond dans notre pratique, d’être content de nous, de nous donner envie de faire encore et encore… Bon pi des fois… le petit apprentissage il a besoin de mûrir avant d’éclore, il vaut mieux laisser couler un peu de temps à faire autre chose pour mieux revenir après. Y’a le bon et le mauvais chasseur quoi… En conclusion, on se force un peu, mais pas trop…


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